
Un livre qui était depuis fort longtemps dans ma PAL et que j'ai lu grâce à
une lecture commune avec Kalistina.
Un livre hors du commun. Tant dans sa construction que dans l'idée de départ. Un homme qui ne peut pas mourir. Malgré ses nombreuses tentatives de suicide. Et qui dit avoir connu des existences
multiples au cours des siècles. Est-ce un fabuleux menteur ou, chose difficile à accepter, est-il un être envoyé pour témoigner des ténèbres et de la lumière de l'humanité.
La construction mêle les chapitre où on découvre le présent de Pilgrim, à des passages sur ses vies antérieurs. A cela s'ajoute la vie et les pensées des personnages qui gravitent autour de lui :
Jung (le psychanaliste), sa femme Emma, Forster (son valet), les autres patients de la clinique où il est enfermé... On découvre par petites touches les vies de ces êtres, leurs désirs, leurs zones
d'ombres. En cela Pilgrim est un roman plein d'une humanité profonde, même si parfois elle touche au désespoir. L'auteur sait mélanger le vrai et le faux pour nous faire rêver. N'est-ce finalement
pas la définition d'une oeuvre d'Art?
Car justement, ce roman est aussi une immense réflexion sur l'art et sur sa place dans le monde. A quoi sert-il? Mais surtou, comment le perçoit-on? Comme le dit Pilgrim, il faut lui redonner sa
vrai place. Sa place comme témoignage de l'humanité. Témoignage non pas de sa grandeur mais de ses doutes, de sa force, de ses erreurs. De ses quêtes surtout.
C'est un roman riche, foisonnant. On découvre. On s'émerveille. Parfois notre intérêt faibli. On commence à se désintéresser, mais l'auteur sait varier le rythme pour recapter notre attention. Les
passages sur Léonard de Vinci et sur Sainte Thérèse d'Avila sont particulièrement passionnants. On voudrait en savoir plus. Prolonger l'histoire. Certains personnages comme Emma, la femme de Jung,
sont très touchants dans leurs faiblesses, leurs déceptions et leur humanité. D'autres, comme Pilgrim ou Sybil sont plus difficiles à cerner. Plus distants. On a plus de mal à s'attacher à eux.
Pourtant, c'est grâce à eux que tous ces personnages sont réunis et peuvent s'interroger sur eux-mêmes.
La fin aussi laisse à penser. Car c'est aussi une des grandes qualités de ce roman. Il laisse de la place au lecteur. De la place pour rêver. Pour réfléchir. Chacun peut avoir sa vision de ce
livre. Son impression sur Pilgrim.
Ce livre est aussi une réflexion sur l'histoire de la psychanalyse. Le docteur Jung est très présent. On découvre le tournant pris par sa pensée à partir de 1912. Changement que l'auteur explique
par sa rencontre avec Pilgrim. Cela donne envie d'en savoir plus.
Un roman brillant. Intelligent. Une belle découverte, pleine d'humanité.
Résumé :
17 avril 1912 : deux nuits après le naufrage du Titanic, un homme du nom de Pilgrim, auteur d'un livre fameux sur Léonard de Vinci, se
pend dans son jardin à Londres. Il est retrouvé le lendemain et l'attestation de son décès est signée par deux médecins. Cinq heures plus tard, son cœur recommence à battre. La mort a refusé
Pilgrim.
Réfugié dans le mutisme, Pilgrim est interné à la clinique psychiatrique Burghölzli de Zurich où l'un des médecins, Carl Gustav Jung, est immédiatement fasciné par ce cas hors du commun.
Pilgrim, qui dit avoir vécu plusieurs vies, côtoyé Léonard de Vinci, sainte Thérèse d'Avila et participé à la construction de la cathédrale de Chartres, est-il un malade mythomane, un rêveur de
génie ou la victime d'une étrange malédiction?
Un roman ambitieux, fantastique, métaphysique, dans lequel apparaissent Henry James, Oscar Wilde, Monna Lisa... Un roman d'une construction brillante et hardie, à l'écriture jubilatoire.