J'ai vu ce film ce week-end et j'ai adoré! Même pas mal à la tête grâce à la nouvelle 3D! Et quelle émotion!
Mais je laisse la parole à quelqu'un de ma famille qui parle bien mieux de cinéma que moi!

AVATAR le film somme
par Fabe.
Synopsis: 2154. L'ex-marine Jake Sully vient de passer 5 ans plongé dans un sommeil
cryogénique. Sa destination: Pandora, une planète colonisée par les terriens et habitée par une peuplade indigène appelée les Na'vis. Suite à la mort de son frère jumeau, Sully a accepté de
participer au projet « Avatar », dirigé par le dr Augustine et qui consiste à projeter son esprit dans le corps d'un avatar, réplique grandeur nature d'un indigène Na'vi. L'objectif de
la mission est de (re)nouer un contact avec les autochtones officiellement à des fins scientifiques, officieusement pour les exproprier de leurs terres riches en minerai.
À l'heure où vous lirez ces lignes, tout ou presque aura été dit sur le
nouveau film du « king of the world », James « Titanic » Cameron, l'insubmersible réalisateur, l'homme aux budgets pharaoniques (Terminator 2 = 100M$, Titanic = 200M$, Avatar
= 500M$), mais qui depuis 25 ans et la sortie du tout 1er Terminator a toujours su allier le fond et la forme et mettre la technologie au service des histoires qu'il nous conte.
12 ANS D'ATTENTE
12 ans... c'est long depuis la sortie de Titanic en 1998. Depuis, le réalisateur avait déserté la planète ciné pour se consacrer à son autre
passion: la plongée sous-marine et l'exploration scientifique d'épaves. Il a ainsi co-réalisé 2 films documentaires, dont un sur le Titanic. Pourtant, Cameron porte l'histoire d'Avatar en lui
depuis une quinzaine d'années déjà mais attendait que la technologie lui permette de mettre en images ce qu'il avait en tête. Ce n'est qu'à la vision des « 2 Tours » (2nd
volet du Seigneur des Anneaux) de Peter Jackson, qu'il réalise à travers le personnage virtuel de Gollum qu'il est grand temps pour lui de « remonter à la surface ». En 2005, il
installe son camp de base en Nouvelle-Zélande et engage la société d'effets spéciaux de Jackson « Weta ». En parallèle, il développe avec Sony, une nouvelle caméra numérique 3D.
Disons le d'emblée: après le triomphe planétaire de Titanic, il semblait inconcevable de faire mieux et pourtant, le réalisateur a trouvé matière
à se renouveler et à repousser ses propres limites en réalisant son film-somme, la synthèse de toutes les thématiques développées précédemment mais sublimées ici dans un écrin de choix: le format
IMAX 3D. En 2D, le film est déjà réussi mais il prend une toute autre dimension dans une salle 3D où l'immersion est totale: on a l'impression d'une fenêtre ouverte sur un autre monde et
l'évasion est totale. Malheureusement, une seule salle en FRANCE est équipée pour diffuser le film dans des conditions optimales: la salle IMAX du Gaumont de Marne-la-vallée dans le Disney
village (en face du parc Disneyland).
RÊVE ET RÉALITÉ
Il est intéressant de constater dés l'ouverture du film et les premiers plans que l'on est bien dans un film de James Cameron (à travers la voix
off et l'éclairage bleuté du caisson cryogénique). C'est par le rêve que le film s'ouvre, celui d'une caméra survolant et plongeant au coeur d'une forêt (celle de Pandora) avant un fondu au noir
et un oeil qui s'éveille.
Dés le début, le personnage de l'ex-marine apparaît comme prisonnier (de son corps) et mis à l'écart par ses pairs, ainsi que par les
scientifiques du projet Avatar qui ne voient en lui qu'un marine, soldat stupide et monolithique. (de ce point de vue les 1ers contacts avec le Professeur Augustine sont pour le moins houleux).
Il est donc en souffrance tant sur le plan physique (son infirmité) que moral (la perte de son jumeau).
À peine entré dans le corps de son avatar, Jake expérimentera de nouvelles sensations (marcher, courir, voler) et vivra une quête initiatique qui
l'amènera à un questionnement sur sa condition d'être humain. Il lui sera d'ailleurs tout au long du film de plus en plus difficile de réintégrer la « réalité », ce qu'il confesse à un
moment du film. Il a l'impression que tout s'est inversé et que sa vie d'avant (humaine) n'est plus qu'un leurre, un songe.
Au contact de la population Na'vi, Jake va passer du statut de paria à celui de membre à part entière du « clan ». Il choisira
d'ailleurs à la fin cette existence nouvelle. Le film se conclut de la même manière qu'il s'ouvre: la mort et la vie se mêlent. Jake abandonne sa misérable enveloppe humaine pour renaître dans le
corps de son avatar. Le plan final, de toute beauté, montre aussi clairement les intentions de Cameron car le spectateur devra dorénavant regarder le cinéma d'un oeil nouveau avec l'avènement des
films en 3D.
UNE FABLE HUMANISTE ET ÉCOLO
La vision de l'espèce humaine telle qu'elle est présentée dans le film, même si elle est pessimiste (et reflète bien les préoccupations du
réalisateur), reste terriblement réaliste et d'actualité. Cameron situe l'action de son film d'anticipation en 2154 et présente la race humaine comme des envahisseurs obligés de quitter leur
Terre à l'agonie (parce qu'ils en ont épuisé toutes les ressources naturelles) afin de coloniser d'autres systèmes, en quête de nouvelles richesses. Les soldats envoyés sur Pandora sont à
la solde d'une multinationale dont le seul objectif est l'extraction d'un minerai se trouvant sur le territoire des Na'vis. Le personnage de Parker (le représentant des intérêts de la
multinationale) est obsédé par ce minerai et se moque éperdument de la relation profonde que les indigènes entretiennent avec la forêt, les animaux, la Nature pas plus qu'il n'écoute les discours
des scientifiques.
On dit qu'un film est souvent réussi quand le « bad guy » (méchant de l'histoire) l'est. À ce titre, le colonel Quaritch est un
personnage d'anthologie, froid, inexpressif, une machine dont l'appétit de destruction semble insatiable. Lors de la scène où il détruit l'arbre-maison des Na'vi, Cameron montre en parallèle son
indifférence et les larmes de certains humains restés au camp de base. Cela renforce d'autant plus sa cruauté.
Au final, la critique de notre planète est cinglante: la race humaine détruit tout sur son passage, indifférente aux dégâts irréparables qu'elle
cause. Elle ne met la technologie qu'au profit d'une course effrénée à l'armement sans prendre conscience de répéter les mêmes erreurs que par le passé.
Cette thématique, chère au réalisateur trouve un écho dans deux de ses précédents films: Terminator 2 et Abyss. Dans le 1er, John Connor et le
terminator observent 2 enfants en train de jouer avec des pistolets dans le désert et se disputant le droit d'avoir tué l'autre en premier. Le terminator (une machine) a alors cette réflexion:
« C'est dans votre nature de vous entre-tuer ». Dans le second, vers la fin du film, les entités extra-terrestres déchaînent les éléments marins (des vagues gigantesques) partout sur la
planète en réaction à toutes les horreurs que les êtres humains ont perpétré au cours des siècles (les guerres, les explosions nucléaires...etc). Le personnage de Bud Brigman assiste sur un écran
géant à toutes ces images projetées par les extra-terrestres et détourne le regard, comme dégoûté. Mais la nouveauté d'Avatar est que là où dans les 2 précédents films, on pouvait entrevoir une
nuance d'espoir, dans le dernier, Cameron semble désabusé devant notre espèce qu'il juge « irrécupérable » et dépassée par la technologie et son appétit pour le pouvoir et la
destruction. Au départ, la mère de Neytiri est réticente à l'idée d'enseigner quoi que ce soit à un « marchand de rêve » (humain), en prétextant qu'il est difficile d'emplir une coupe
qui est déjà pleine.
JAPANIMATION
Cameron n'a jamais caché son admiration pour les grands maîtres de l'animation japonaise: Hayao MIYAZAKI (le Château dans le Ciel, Princesse
Mononoké ou le Voyage de Chihiro), Mamoru OSHII (Ghost in the Shell 1 et 2, Avalon) ou encore Katsushiro OTOMO (Akira).
Dans Avatar, se côtoient les préoccupations écologiques d'un Miyazaki et les appréhensions métaphysiques et existentielles d'Oshii chez qui le
virtuel devient la seule échappatoire possible à un quotidien triste et désenchanté. Les humains sont reliés à des machines, dans un univers virtuel où ils préférent « rêver » leur vie
au lieu de la vivre tout comme le personnage de Jake Sully préférera se projeter dans un autre corps plutôt que vivre dans le sien. Le futur imaginé par Cameron que ce soit dans la conception des
vaisseaux et différents moyens de transports (hélicos, AMP) restent plausible d'un point de vue scientifique. Il est amusant de noter lors de l'affrontement entre le colonel Quaritch et Neytiri
que le moyen de locomotion du colonel est équipé de bons vieux rétroviseurs!!! Le mano à mano (duel) final entre Jake et le colonel présente un renversement intéressant par rapport à un autre
film du réalisateur « Aliens le retour ». On y voyait le personnage de Ripley (Sigourney Weaver) dans un AMP affronter la reine-mère des Aliens. Dans Avatar, c'est le colonel (humain)
qui est l'alien (l’étranger) et le réalisateur se place du côté de l'indigène JAKESULLY.
LA FEMME EST L'AVENIR DE L'HOMME (Aragon)
Dans le cinéma de Cameron, les femmes ont toujours occupé une place centrale: Sarah Connor dans « Terminator », Ellen Ripley dans
« Aliens », Lindsey Brigman dans « Abyss » ou encore Rose De Witt-Bukater dans « Titanic ». Sans ces femmes fortes qu'elles soient maîtresses, épouses ou mères,
l'homme ne serait plus rien.
Avatar ne déroge pas à la règle, nous offrant deux portraits de femmes extraordinaires avec tout d'abord le Docteur Grace Augustine (Sigourney
Weaver), une femme forte, entière, qui fume, jure comme un charretier et n'hésite pas à tenir tête au colonel Quaritch en personne. Son rapport à Jake est intéressant car il évolue tout au long
du film passant de la méfiance initiale, à l’instauration d’un respect mutuel. On pourrait même qualifier le rapport de maternel: elle insiste pour qu'il mange, le sermonne quand il fait une
bêtise, l'éduque sur la culture Na'vi et le borde même un soir.
Mais le coeur du film, c'est le personnage de la belle indigène Neytiri, création virtuelle la plus belle et réaliste jamais vue sur un grand
écran (depuis Gollum). Elle aura une influence décisive sur le personnage de Jake dans le sens où c'est elle qui est chargée par sa mère de l'éducation Na'vi du soldat: au départ, elle le
sermonne comme un «enfant » et va l'aider à mûrir, à devenir meilleur. De plus, elle n'hésitera pas à le défendre bec et ongle comme une mère (ou une épouse) le ferait contre Tsutey' (le
Na'vi qui lui était destiné au départ) puis contre le colonel Quaritch à la fin du film.
La plus belle scène du film, à mon sens, est celle où elle
ranime et tient dans ses bras le corps d'humain de Jake à la fin. On sent dans ce simple geste la force du sentiment qui les lie. Dans un film à 500 M de dollars, quand un réalisateur est capable
de nous offrir un moment aussi intimiste que celui-là et de toucher un peu plus à chaque film les spectateurs du monde entier, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, cela force le respect. Le
« king of the world » a réussi l'exploit de se détrôner lui-même et on espère vivement qu'il ne nous fera pas attendre 12 années de plus avant de nous offrir un nouveau chef
d'oeuvre.