Un livre magnifique à la construction intelligente et passionnante. L'auteur met en parallèle 4 destins. Celui de Kobayashi Issa (grand maître dans l'art du haïkus), de Natsume Soseki (inventeur du roman japonais), de Yamahata Yosuke (premier photographe dans les ruines d'Hiroshima) et le sien. Il vient de perdre sa fille et nous fait découvrir, à travers son deuil, le destin de trois hommes ayant du, eux aussi, expérimentés la perte et la difficulté de vivre.
Ces trois personnages sont marquants. On s'attache à eux. On ressent un peu de leurs souffrances. De leur égarements. Comment se retrouver quand tous nos repères chavirent? Philippe Forets sait, avec des mots simples, nous transmettre cette émotion.
Ce n'est pas un livre facile. La dernière partie autour d'Hiroshima est même assez éprouvante, tant l'auteur sait nous donner à ressentir, sans pour autant rentrer dans les détails. Pourant l'ensemble porte une sorte de lumière. D'espoir. D'où, peut-être le titre : Cependant. Parce que malgré le désespoir, il y a toujours quelque chose à vivre. Plus loin. Derrière.
On découvre aussi avec intérêt l'univers japonais. Cela donne envie d'en savoir plus. J'ai d'ailleurs acheté un roman de Soseki, suite à cette lecture, ainsi qu'un recueil de Haïkus. On voudrait en savoir plus sur ces trois personnages.
Un roman magnifique, plein d'émotion et de sagesse.
Résumé :Sarinagara signifie cependant. Ce mot est le dernier d'un des plus célèbres poèmes de la littérature japonaise. Lorsqu'il l'écrit, Kobayashi Issa vient de perdre son unique enfant : oui, tout est néant, dit-il. Mais mystérieusement, Issa ajoute à son poème ce dernier mot dont il laisse la signification suspendue dans le vide.
L'énigme du mot sarinagara est l'objet du roman qui unit trois histoires : celles de Kobayashi Issa (1763-1827), le dernier des grands maîtres dans l'art du haïku, de Natsume Sôseki (1867-1916), l'inventeur du roman japonais moderne, et de Yamahata Yosuke (1917-1966), qui fut le premier à photographier les victimes et les ruines de Nagasaki. Ces trois vies rêvées forment la matière dont un individu peut parfois espérer survivre à l'épreuve de la vérité la plus déchirante.
Loin des représentations habituelles du Japon, plus loin encore des discours actuels sur le deuil et sur l'art, dans la plus exacte fidélité à une expérience qui exige cependant d'être exprimée chaque fois de façon différente et nouvelle, le texte de Philippe Forest raconte comment se réalise un rêve d'enfant. Entraînant avec lui le lecteur de Paris à Kyôto puis de Tôkyô à Kôbe, lui faisant traverser le temps de l'existence et celui de l'Histoire, ce roman reconduit le rêveur vers le lieu, singulièrement situé de l'autre côté de la terre, où se tient son souvenir le plus ancien : là où l'oubli abrite étrangement en lui la mémoire vivante du désir