Un livre sur lequel je me pose beaucoup de questions. Mes impressions ont varié au fil de ma lecture et surtout après, quand j'ai découvert le blog de la maman de ces deux enfants.
Au cours de la lecture de ce livre on passe du rire à l'émotion, à la compassion. Parce qu'évidemment, on se dit que ça ne doit pas être facile tous les jours. Pourtant JL Fournier arrive à nous
faire rire (et pas seulement sourire). Vraiment rire. N'est ce pas son ami Desproges qui disait "On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui" ? Il y a un peu de ça dans ce roman. Il y a
parfois de l'autodérision, des réflexions complètement décalées. Et en même temps beaucoup de questions. De regrets. Regrets de ne pas avoir pu faire comme tous les autres pères. Regrets de ne
pas avoir su l'accepter. On ressent beaucoup d'amour mais aussi beaucoup de tristesse. Parfois de la colère et de l'incompréhension. C'est finalement un livre plein d'émotions que nous livre JL
Fournier. Des émotions pour mieux comprendre ce qu'il a vécu.
La structure, en très courts chapitres, crée pourtant une distance. On a du mal à s'attacher. Du mal à se sentir proche. Comme si quelque chose sonnait un peu faux, un peu forcé. Peut-être parce
qu'il a encore du mal à en parler. Les paroles de la mère des deux enfants sonnent finalement beaucoup plus juste, même si elles sont moins travaillées.
A la fin de cette lecture, on ne sait pas trop ce qu'on ressent. Ce qu'on pense. Plusieurs jours après, même si je suis heureuse d'avoir découvert ce livre et si cette lecture a été agréable, je
ne sais toujours pas ce que j'en pense vraiment. Ce qui m'a vraiment marqué, c'est la quasi absence de leur toisième enfant, leur fille Marie. Comme si tout cela l'avait effacée.
Un livre très étrange. A lire pour se faire un avis.
Résumé : "Cher Mathieu, cher Thomas,
Quand vous étiez petits, j ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus
tous plusieurs fois.
Je ne l ai jamais fait. Ce n était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures... "
Jusqu à ce jour, je n ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J avais honte ? Peur qu on me plaigne ?
Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c était pour échapper à la question terrible : « Qu est-ce qu ils font ? »
Aujourd hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j ai décidé de leur écrire un livre.
Pour qu on ne les oublie pas, qu il ne reste pas d eux seulement une photo sur une carte d invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les
supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d ange, et je ne suis pas un ange.
Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d eux avec le sourire. Ils m ont fait
rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.
Grâce à eux, j ai eu des avantages sur les parents d enfants normaux. Je n ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n avons pas eu à hésiter entre filière
scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait : rien.
Et surtout, pendant de nombreuses années, j ai bénéficié d une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j ai pu rouler dans des grosses voitures américaines."